L'inclusion financière dans le monde

Tendances mondiales

Le secteur mondial de la microfinance a affiché une croissance continue en 2022, conformément aux tendances de l’année dernière, atteignant une taille de marché totale estimée à 182,7 milliards de dollars en termes de portefeuille de prêts bruts (GLP). Notamment, la croissance médiane du GLP par institution de microfinance (IMF) a atteint 13,7% en 2022, contre 9,6% en 2021. En termes de croissance des emprunteur·se·s, leur nombre total a atteint 173 millions en 2022, marquant une augmentation moyenne de 5% au niveau des IMF. Ce chiffre est proche des taux de croissance annuels observés en 2021 et avant la pandémie, qui allaient de 3,9% à 10,3%.

Concernant la composition du portefeuille, 56,9% des emprunteur·se·s des IMF étaient des femmes en 2022, contre 55,1% en 2021, soit une augmentation de 1,8% en glissement annuel. Le solde moyen des prêts en proportion du Revenu National Brut (RNB) par habitant est également resté relativement stable, avec une médiane de respectivement 48,7% et 44,6% en 2021 et 2022.

Les tendances en matière de qualité du portefeuille montrent une stabilité en 2022 par rapport à 2021. Le portefeuille médian à risque > 30 jours (PAR 30) est resté stable à 4,6%, reflétant une augmentation marginale de 0,3% par rapport à 4,3% en 2021. La restructuration globale reste stable à 1% en 2022 contre 1,1% en 2021. De plus, les abandons de créances montrent également une tendance stable avec un ratio médian d’abandon de créances pour les IMF de 0,6% en 2022 contre 0,5% en 2021.

La stabilité dans la qualité du portefeuille d’une année sur l’autre se reflète également dans la rentabilité et le coût du risque. Par exemple, le rendement du portefeuille, tel que mesuré par GLP, a montré une certaine stabilité entre 16,8% et 21,5% au cours des trois dernières années. Cependant, le coût du risque a connu une augmentation marginale, passant de 1% en 2021 à 1,4% en 2022.

En moyenne, au niveau mondial, les niveaux de solvabilité sont restés relativement stables en 2022. Par exemple, le ratio médian fonds propres/actifs des IMF était presque conforme aux niveaux de 2021, variant entre 18,3 % et 19,3 %. On observe également une certaine stabilité au-delà de la moyenne, les tendances des quartiles les plus favorables et les plus défavorables restant stables. Malgré l’équilibre de ces tendances, certains secteurs du marché restent exposés à un ensemble de facteurs tels que la faible qualité des portefeuilles, la rentabilité et la solvabilité.

Focus régional

Au niveau régional, l’Asie du Sud et du Sud-Est (SSEA) continuent de représenter une part importante du marché mondial. Par exemple, environ 70,6% de tous les emprunteur·e·s à la fin de 2022 se trouvaient dans la région SSEA, contre 37% pour le GLP. Cela reflète la taille moyenne des prêts proportionnellement plus petite dans la région, qui reste inférieure à la moyenne mondiale. Le montant moyen des prêts, mesuré en pourcentage du revenu national brut (RNB) par habitant, s’élève à 21,1%. Bien que ce chiffre reflète une augmentation d’une année sur l’autre, il reste néanmoins significativement inférieur à la médiane mondiale de 39%. En ce qui concerne la qualité du portefeuille, ce dernier à risque > 30 jours (PAR 30) a connu une augmentation marginale, atteignant 4,6% par rapport à l’année précédente (4,3%). En outre, le ratio médian du portefeuille restructuré est passé de 1,1% à 1% entre 2021 et 2022.

L’Amérique latine et les Caraïbes (ALC) ont conservé leur position de deuxième marché en termes de part de marché GLP avec 29,9%, englobant un nombre total d’emprunteur·e·s de 18,6 %. La qualité du portefeuille dans la région ALC s’est améliorée avec un PAR30 de 3,8%, et le ratio de portefeuille restructuré a également été réduit à 0,5%. Le rendement du portefeuille a augmenté, passant de 15,8% en 2021 à 18,1 % en 2022, tout en restant légèrement inférieur à la moyenne mondiale de 21,5%.

En Afrique subsaharienne (ASS), le GLP total représente 5% du marché mondial et 6,4% du nombre total d’emprunteur·e·s. Néanmoins, les IMF de la région ont continué à faire face à des défis en termes de qualité de portefeuille, avec un PAR 30 dépassant la médiane mondiale à 6,5% en 2022 et affichant une augmentation de 0,5% par rapport à l’année précédente. Les niveaux de solvabilité dans la région sont restés comparables aux niveaux mondiaux, avec un ratio médian fonds propres/actifs de 17,8%.

L’Europe et l’Asie centrale (ECA) détiennent une part de marché de 14,5% en termes de GLP, tandis que le nombre d’emprunteur·e·s dans la région est resté stable, représentant 2,5% de la part de marché mondiale. Notamment, la région CEA a affiché le PAR 30 médian le plus bas (2,1%) par rapport aux autres régions.

Inversement, les IMF de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) représentent la plus petite part de marché, soit 0,4% du GLP mondial et 1,9% du nombre total d’emprunteur·e·s. La région MENA affiche un niveau de rentabilité supérieur à la moyenne mondiale, avec un rendement médian du portefeuille de 31,3% en 2022. En outre, le ratio fonds propres/actifs (30,1%) est resté modérément plus élevé en termes relatifs et absolus par rapport à la moyenne mondiale (18,3%).