Interview FinDev

Mohamed Attanda : "la microfinance est aujourd'hui à la croisée des chemins"

SAM 2019 : interview du directeur exécutif du MAIN, réseau d'IMF co-organisateur de la SAM
Mohamed Attanda

Mohamed Attanda est titulaire d’un MBA obtenus à Southern New Hampshire University aux Etats-Unis et d’une licence en Banque et Finances de l’université du Ghana (Legon). Il a 12 ans d'expérience dans le secteur de la microfinance. Depuis 2014, il est directeur exécutif de MAIN, un réseau panafricain avec plus de 100 membres répartis dans 27 pays. Avant de rejoindre MAIN, Mohamed a travaillé pour Fidelity Investment aux États-Unis et pour Ecobank au Bénin. Depuis 2017, il est membre du conseil d'administration du groupe de travail sur la performance sociale (SPTF).

La Semaine Africaine de la Microfinance (SAM) se tiendra à Ouagadougou, au Burkina Faso, du 21 au 25 octobre 2019, sur le thème "en quête d'impact : la finance inclusive au service des Objectifs de Développement Durable". Organisée tous les deux ans, cette conférence régionale majeure a pour objectif de fédérer les acteurs du secteur de la microfinance et de l'inclusion financière en Afrique. A cette occasion, le portail FinDev a posé quelques questions à Mohamed Attanda, directeur exécutif du réseau MAIN. 

Cette année, la SAM se focalisera sur l’impact, en particulier celui de la finance inclusive sur les ODD en Afrique. Selon vous, en quoi peut-elle contribuer à les atteindre ?

La finance inclusive est en plein essor en Afrique. Depuis la SAM 2017, on ne compte plus les effets marquants de ce secteur, qui a développé des innovations prometteuses et largement progressé tant sur le plan de la collaboration intersectorielle que de la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies.

L’Afrique a pris du retard par rapport au reste du monde dans la lutte contre la pauvreté et la réalisation des ODD. Mais l’accès au financement reste l’un des principaux obstacles à l’entrepreneuriat.

Dans cette optique, la finance inclusive est perçue comme une solution prometteuse pour lever certains obstacles entravant la réalisation des ODD, d’autant que le secteur est en pleine transformation avec la révolution digitale

La Semaine Africaine de la Microfinance (SAM) s’inscrit directement dans le cadre de l’ODD 17 "Partenariats pour la réalisation des objectifs", et dans la réalisation de la majorité des cibles sous-jacentes (Finances, Technologie, Renforcement des compétences et Questions structurelles).

En consacrant le thème de la quatrième édition à l’impact et aux ODD, la SAM vise à démontrer la contribution du secteur à :

  • La réduction des inégalités, notamment dans l’accès à des services financiers essentiels (ODD 10),
  • L’élimination de la pauvreté (ODD 1 – cible "1.4 D’ici à 2030, faire en sorte que tous les hommes et les femmes, en particulier les pauvres et les personnes vulnérables, aient les mêmes droits aux ressources économiques et qu’ils aient accès […] à des nouvelles technologies et des services financiers adaptés à leurs besoins, y compris la microfinance"),
  • La promotion d’une croissance économique soutenue (ODD 8 – cible "8.10 Renforcer la capacité des institutions financières nationales de favoriser et généraliser l’accès de tous aux services bancaires et financiers et aux services d’assurance"),
  • L’amélioration de l’accès du plus grand nombre aux services essentiels (ODD 2, 3, 6, 7 et 9), etc.

Dans ce contexte, quelles sont les missions principales du réseau MAIN ?

La principale mission du MAIN est de renforcer les capacités des acteurs de la finance inclusion à travers des programmes de formations adaptés qui répondent aux besoins des institutions.

A part les formations, le MAIN organise pour ses membres des visites d’échanges, occasion pour les membres d’échanger sur les enjeux auxquels ils font face et les innovations qu’ils sont en train de mettre en œuvre.

Quels sont les challenges que les IMF africaines devront relever dans les prochaines années ? Comment renforcer leurs capacités opérationnelles ? 

La microfinance est aujourd'hui à la croisée des chemins. Le secteur est enclin à de nombreux défis. Les principaux défis aujourd'hui sont la gouvernance, la maîtrise du PAR (portefeuille à risque), la digitalisation, la mobilisation des ressources extérieures, parmi bien d'autres.

Les principaux défis aujourd'hui sont la gouvernance, la maîtrise du PAR (portefeuille à risque), la digitalisation, la mobilisation des ressources extérieures, parmi bien d’autres.

 

Pour répondre à ces insuffisances, le renforcement des capacités devient donc important. Et c’est en réponse à ce besoin précis que le MAIN s’est donné comme mission de renforcer les capacités des acteurs de la microfinance. Le MAIN dispose aujourd'hui d’un calendrier riche en formations (formations thématiques et formations universitaires). Le MAIN fait partie des premières institutions africaines à proposer des formations diplômantes à ses membres. Le MAIN a signé à ce titre plusieurs partenariats avec plusieurs universités africaines dans l’optique de mieux outiller les cadres des institutions de microfinance à mieux diriger leur institution.

Quels sont les avantages de la finance digitale pour les clients des IMF, plus particulièrement en Afrique?

La finance digitale se présente aujourd'hui comme une opportunité pour accélérer d’inclusion financière. Elle se définit comme le fait de fournir les services financiers à l’aide de moyens de transaction électronique, notamment grâce aux services financiers mobiles permettant des transactions via le téléphone mobile.

Elle présente plusieurs avantages pour les clients des IMF. Entre autres on peut citer la proximité des services pour les membres, l’accès immédiat et facile, gain de temps pour les opérations, réduction des coûts, commodité, flexibilité, accessibilité, sécurité.

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Le réseau MAIN (Microfinance African Institutions Network) est une association internationale à but non lucratif créée  en 1995 à Abidjan par l’initiative de plusieurs institutions (CERUDEB, SIPEM, SIDI, FIDI & IDM) possédant une longue expérience dans la microfinance et/ou la promotion des micro-entreprises en Afrique. Au 31 janvier 2019, le MAIN compte 100 membres dans 27 pays d’Afrique.

Le MAIN regroupe en son sein des IMF, des réseaux nationaux, des ONG travaillant dans la microfinance, des coopératives, des organisations paysannes, des banques, et des organismes « ressources » (universités, investisseurs sociaux…).  Les institutions membres du MAIN touchent plus de 13,9 millions de bénéficiaires à travers leurs services financiers et non financiers.

 

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