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Inclusion financière dans le monde : quelles tendances ?

Agent de mobile money à Lagos, Nigeria. Crédit photo : CGAP Photo (Temilade Adelaja via Communication for Development Ltd)
Cet article est paru initialement en septembre 2021 dans le Baromètre de la Finance à Impact, publié par Convergences. Cette publication présente les chiffres clés et tendances de l’investissement à impact et de l’inclusion financière dans le monde. 

 

Focus sur les institutions et les clients

En 2020, les institutions de microfinance (IMF) ont terminé l’année avec un portefeuille brut de crédits (GLP) total s’élevant à 159,9 milliards de dollars. Cela reflète un taux de croissance moyen à 2,0 % par institution à partir de 2019, ce qui est à peu près conforme à l’inflation mondiale (1,9 %) mais encore nettement inférieur aux précédents taux moyens de croissance en glissement annuel observés de 2017 à 2019 (12,4-16,3 %). Les 100 premières IMF continuent également de dominer le secteur et détiennent actuellement 74,4 % du total des GLP.

Portefeuille de crédit et pourcentage de femmes bénéficiaires (monde)

Au cours de la même période, le nombre total d’emprunteurs est resté stable à 140,3 millions, les emprunteurs actifs augmentant marginalement en moyenne dans les IMF de 0,3 % de 2019 à 2020. En revanche, le taux moyen de croissance annuelle des emprunteurs actifs a varié entre 6 et 10 % au cours des 3 années précédentes (2017-2019), ce qui indique un ralentissement significatif de la croissance annuelle des emprunteurs actifs au niveau des IMF en 2020. Au regard de la composition démographique, les femmes demeurent les principaux emprunteurs des IMF, soit 80,9 % en 2020.

Pour ce qui concerne la qualité du portefeuille, le risque de crédit a globalement augmenté en 2020. Le portefeuille moyen à risque > 30 jours (PAR 30) est passé de 4,3 % en 2019 à 7,1 %, soit une augmentation moyenne de 33,0 % dans l’ensemble des IMF. Les portefeuilles restructurés, y compris les portefeuilles restructurés réguliers et les moratoires Covid-19, ont également augmenté à des niveaux jamais vus auparavant et ce à l’échelle mondiale, avec une moyenne du secteur s’établissant à 3,9 %. Pour aller au-delà de cette moyenne, 25 % des IMF ont un ratio restructuré supérieur à 17,0 %.

Ratios de performance moyen des IMF en 2020 et leurs évolutions depuis 2019 (monde)

L’augmentation du risque de crédit s’est accompagnée d’une baisse du rendement du portefeuille, qui passe de 24,6 % en 2019 à 22,3 % en 2020, soit une baisse de 12,9 %. D’autre part, l’augmentation du risque de crédit ne se traduit pas encore par une augmentation du coût du risque : le ratio de dotations aux provisions, qui indique les provisions pour les pertes sur prêts par rapport au GLP, est resté stable à 2,1%. En outre, jusqu’à la fin de 2020, la solvabilité est également restée stable en moyenne. Ainsi, le ratio moyen des fonds propres sur l’actif s’est établi à 22,4 %, ce qui rejoint la fourchette observée en 2017-19 (21,6 % à 22,8 %).

Focus sur les régions

Sur un plan géographique, l’Asie du Sud et du Sud-Est (ASE) continuent de dominer le secteur, tant en terme de GLP que de nombre d’emprunteurs, avec respectivement 43,1 % et 70,3 % des parts de marché. La composition des clientes a atteint 82 %, ce qui est nettement supérieur à toutes les autres régions. En ce qui concerne la qualité du portefeuille, le PAR 30 a augmenté à un rythme plus élevé que dans les autres régions, mais il est resté inférieur à la moyenne mondiale (4,3 %). Le ratio de portefeuilles restructurés était également environ 2,3 fois plus élevé que la moyenne mondiale, à 9,1 %.

Alors que l’Amérique latine et les Caraïbes (ALC) ont une part de marché identique par GLP (40,0 %), la proportion globale d’emprunteurs dans la région est de 19,1 % et reste donc nettement inférieure à celle de l’ASE. En proportion du revenu national brut par habitant (RNB PC), le montant moyen des encours de prêts était environ 2,1 fois plus élevé dans la région ALC (37 %) que dans la région ASE (18 %). La composition du portefeuille diffère également : un peu plus de la moitié des emprunteurs en ALC étant des femmes (54 %). En outre, le ratio moyen de restructuration était également plus faible, s’établissant à 3,0 %, par rapport à la fois à la région ASE (9,1 %) et à la moyenne mondiale (3,9 %).

L’Afrique sub-saharienne (ASS) a continué de croître à la fois en termes de GLP et de nombre d’emprunteurs, représentant respectivement 5,9 % et 5,7 % de la part de marché mondiale en 2020. Contrairement aux autres régions, les IMF d’ASS ont en moyenne une qualité de portefeuille inférieure en termes de PAR 30, qui a augmenté d’environ 50 % pour atteindre 11,0 %. La région présente également le taux moyen de dotations aux provisions le plus faible (1,3 %) par rapport aux autres régions. Cependant, le ratio d’abandon de créances (0,40 %) et le ratio de portefeuilles restructurés (3,0 %) sont restés à des niveaux équivalents à la moyenne mondiale (respectivement à 0,47 % et 3,9 %).

Les chiffres de la microfinance 2020 dans le monde. Crédit photo : Convergences.
Les chiffres de la microfinance 2020 dans le monde. Crédit photo : Convergences.

La croissance du GLP dans l’ensemble des IMF d’Europe et d’Asie centrale (ECA) a été de 4,8 % en moyenne de 2019 à 2020, la région représentant 9,6 % du GLP mondial. En revanche, la part des emprunteurs était de 1,9 %.

Enfin, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) est restée la plus petite région, tant en termes de GLP (1,3 %) que de nombre d’emprunteurs (3,0 %). La proportion d’emprunteurs de sexe féminin était également plus faible (59 %) par rapport à la moyenne mondiale (81 %). D’autre part, les mesures de la qualité du portefeuille, telles que le PAR 30 et les annulations, se placent à des niveaux comparables à la moyenne mondiale. En termes de performance financière, le rendement du portefeuille était plus faible (18,7 %) que dans les autres régions (22,3 %), mais le ratio capitaux propres/actifs était plus élevé en termes relatifs et absolus (29,6 %), ce qui signifie que le risque de solvabilité était plus faible dans la région MENA. Compte tenu de l’évolution des conditions du marché, et la variabilité croissante du risque entre des IMF, il reste important de surveiller les tendances du secteur tout au long de l’année 2021.

Méthodologie : tous les indicateurs sont calculés sur la base de la disponibilité des IMF déclarantes dans la base de données ATLAS (www.atlasdata.org), incluant jusqu’à 551 IMF pour les calculs 2020 et jusqu’à 1 318 IMF dans le cas du portefeuille de prêts brut et du nombre d’emprunteurs. Les statistiques sur l’inflation sont fournies par la Banque mondiale. Les calculs agrégés (par exemple, la médiane) utilisent les données des IMF à partir de 2020, en prenant le mois le plus récent pour lequel des données sont disponibles. Pour le portefeuille de prêts brut et le nombre d’emprunteurs, les trois années précédentes sont également incluses (2018-20), en prenant l’année la plus récente disponible pour assurer une couverture plus précise des données. Par exemple, si une IMF a déclaré des données pour 2020, cette valeur sera utilisée. Cependant, si elle n’a pas rapporté de données en 2020 ou 2019, alors la valeur qu’elle a rapportée pour 2018 sera utilisée. Les statistiques de croissance d’une année sur l’autre sont déclarées en utilisant la même composition d’IMF afin d’assurer la comparabilité entre les années.

Pour en savoir plus sur ATLAS, nous vous invitons à visionner ce webinaire dédié à la plateforme de données (en anglais) :

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