Trois tendances des Fintech pour l'inclusion financière en Afrique subsaharienne
L'accès aux services financiers en Afrique est en pleine croissance, plus précisément en hausse de 19,4% entre 2011 et 2017, selon le rapport Global Findex de 2017. Ce changement peut largement être mis à l’actif des services financiers numériques. Les nouveaux acteurs du secteur financier tels que les opérateurs télécoms, les fintechs et très prochainement les bigtechs comme Facebook et Google proposent tous des services financiers axés sur la technologie qui changent le paysage et constituent une menace concurrentielle pour les prestataires de services financiers (PSF) traditionnels. Dans le même temps, les nouvelles technologies peuvent permettre aux PSF traditionnels d'étendre leur marché et d'améliorer radicalement leur efficacité opérationnelle.
Considérant à la fois les défis et les opportunités, toutes les institutions financières doivent maintenant, et plus que jamais, accepter que la technologie et l'innovation font partie intégrante de leur stratégie commerciale. Ces changements nécessitent un changement de culture dans l'ensemble de l'institution et parmi les dirigeants. Les membres du conseil d'administration, par exemple, doivent accepter ce changement, comprendre les tendances actuelles de l'industrie, faire directement l'expérience de ces innovations financières et prendre des mesures concrètes.
Considérant à la fois les défis et les opportunités, toutes les institutions financières doivent maintenant, et plus que jamais, accepter que la technologie et l'innovation font partie intégrante de leur stratégie commerciale. Ces changements nécessitent un changement de culture dans l'ensemble de l'institution et parmi les dirigeants.
Grâce à notre travail avec les membres de conseil d'administration de firmes fournissant des services financiers dans le programme de l'Africa Board fellowship, nous avons identifié trois tendances clés des fintech, qui sont particulièrement pertinentes pour les institutions en Afrique qui travaillent à approfondir l'inclusion financière.
Données, données et plus de données. À l'ère du numérique, nous générons et consommons plus de données que jamais auparavant, et pour de nombreuses fintechà succès, comme Tala, Branch et Jumo, les données sont la clé de leur succès. Des données alternatives - relatives à la manière dont une personne utilise les médias sociaux, y compris son réseau social, son utilisation de son mobile et, dans certains cas, ses données psychométriques - sont utilisées pour le processus de souscription de prêts et pour le ciblage de clients potentiels qui sont éligibles à des prêts digitaux instantanés. Pour les institutions financières plus traditionnelles, la veille économique et l'exploration de données (data mining) sont essentielles pour comprendre le comportement des clients et proposer le bon produit et les bons services. Les acteurs qui collectent et utilisent les données à bon escient définissent la nouvelle norme pour les services financiers.
Numérisation des méthodes de travail et des systèmes. Avec les récentes améliorations de l'accessibilité et des capacités des appareils mobiles, les fournisseurs de services financiers optent de plus en plus pour l’automatisation et la numérisation, à travers l'utilisation d'applications numériques de terrain (DFA) et de systèmes de travail numérisés. Ces technologies peuvent éliminer les processus manuels chronophages tout en améliorant le service client, notamment l’acquisition de nouveaux clients et l’octroi de prêts via des solutions DFA qui éliminent les formulaires-papier tout en privilégiant l'encodage de données numériques. VisionFund, par exemple, fournit à ses agents de crédit agricole une application de tablette qui intègre un algorithme d’évaluation de demande de crédit qui est spécifique aux prêts agricoles. Ces solutions offrent la possibilité d’obtenir facilement les coordonnées GPS, les documents, les photos et les signatures des clients. De telles solutions numériques peuvent être déterminantes dans le cadre d'une stratégie de banque sans agence physique (ou faiblement basée sur les agences physiques), et augmentent fortement l’efficacité des processus clés.
Systèmes ouverts, intégrations et interopérabilité. L'époque de l’omniprésence des systèmes monolithiques est révolue. Aujourd'hui, nous avons besoin de systèmes qui peuvent être intégrés de manière transparente à d'autres systèmes pour construire des écosystèmes financiers flexibles et évolutifs. Les preuves d’un tel changement sont visibles avec la tendance à rendre disponible des API (Interfaces de Programmation d'Application) ouvertes, telles que celles de Mastercard, Visa, M-Pesa et Android Pay. Ces API ouvertes permettent aux institutions telles que les fournisseurs de services financiers, les plates-formes de commerce électronique et les entreprises de transfert de fonds de s'intégrer à ces systèmes, souvent en temps réel. En permettant plus d'intégrations dans leurs systèmes, ils augmentent le nombre de leurs clients et, en même temps, leur fournissent de meilleurs services.
Un autre composant des systèmes ouverts est l'interopérabilité. Certains pays tels que la Tanzanie et le Nigeria ont renforcé l'interopérabilité entre les portefeuilles mobiles, permettant ainsi aux clients d'échanger du mobile money avec différents fournisseurs. Par exemple, une personne devrait être en mesure d'envoyer de l'argent à travers Tigo Money à une personne possédant un portefeuille Airtel Money. Les partenariats et l'ouverture sont les principaux moteurs du changement.
Prises ensemble, ces trois tendances des fintech fournissent les éléments de base nécessaires aux fournisseurs de services financiers pour atteindre plus de clients, avec de meilleurs produits, tout en renforçant l'écosystème financier qui s’avère de plus en plus large.
Ce ne sont là que quelques-unes des tendances de la technologie financière qui révolutionnent le paysage de la finance inclusive en Afrique.
Ce blog a été publié à l'origine, en anglais, sur le site web du CFI.