Actualités

Sécurité alimentaire en Afrique : tirer les enseignements du passé pour relever l’enjeu de l’approvisionnement alimentaire

Espérance Belau est agricultrice et agro-entrepreneure en République démocratique du Congo (RDC). Elle redoute les conséquences du coronavirus sur la sécurité alimentaire et espère que des mesures seront prises rapidement pour y remédier. Contactée par téléphone, elle s’alarme de voir une grande partie de sa production de riz s’accumuler sur place et s’abîmer, faute d’acheteurs et de moyens de transport. Alors même, ajoute-t-elle, que les habitants de la capitale, Kinshasa, s’inquiètent de la hausse des prix sur les marchés de la ville à cause des perturbations dues aux mesures de confinement. 

Son exploitation se situe à côté de Masi-Manimba, dans la province du Kwilu, à 380 kilomètres de la capitale. Elle raconte comment, au lieu des deux points de contrôle habituels (les « barrières ») à franchir pour se rendre au marché de Kinshasa, il faut désormais s’arrêter huit fois. Certaines de ces barrières sont informelles, d’autres sont gérées par l’armée et d’autres encore par la police. Le but est certes de vérifier le respect du confinement, afin de contrôler et réduire les déplacements de population et endiguer ainsi la propagation du virus mais, selon elle, cette prolifération de contrôles expose les conducteurs de camions commerciaux ou de véhicules à des pots-de-vin supplémentaires et autres « tracasseries », comme on appelle ici ces pratiques informelles. Espérance produit et vend différentes denrées alimentaires, dont des ignames. En plus de 20 ans d’activité, elle n’a jamais vu les prix grimper aussi vite : du jour au lendemain, à cause du renchérissement des frais de transport, un sac d’ignames de 86 kilogrammes est passé de 45 à 80 dollars. Cette évolution est d’autant plus incroyable que, pour l’instant, le pays ne connaît pas de problèmes de production. Les récoltes ont été bonnes. Pour elle, cette envolée des prix, qui empêche les consommateurs de s’acheter de quoi manger, est uniquement liée à la désorganisation des chaînes logistiques agricoles.