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PARTIE IV : Réflexions autour d’une approche des risques, des crises, et des incidences de l’épidémie de COVID-19 par Robert Christen

Pour de nombreuses institutions de microfinance (IMF), la pandémie de COVID-19 pourrait bien représenter une menace d’ordre existentiel. [1] L’efficacité de la réponse des IMF à cette pandémie dépendra considérablement du niveau de risque sous-jacent inhérent aux opérations de chacune, mais aussi du degré d’exposition économique réelle de leurs clients vis-à-vis des mesures de santé publiques prises afin de juguler l’épidémie. À l’image d’un ouragan, ce virus aura occasionné un événement exogène, sous la forme d’une dégringolade économique, des dissensions civiles, et d’ingérences directes de la part du politique, sur lequel les IMF n’exercent véritablement aucun contrôle.  Il y a des événements exogènes qui se produisent avec une certaine régularité, comme les ouragans, les tremblements de terre, les inondations et autres catastrophes naturelles. En prévision de ces événements, les IMF se doivent d’avoir des plans d’urgence établis à mettre en œuvre immédiatement si nécessaire.  Cependant, la pandémie de COVID-19 ne tombe pas dans cette catégorie d’événements auxquels la quasi-totalité des acteurs se prépare bien à l’avance.  En réalité, certains événements exogènes parmi les plus dévastateurs sont tellement imprévisibles, avec des incidences si difficiles à mesurer, qu’ils ne sont couverts par aucune police d’assurance.

Ces événements exogènes inattendus sont des déclencheurs de crises en microfinance, qui risquent d’engendrer à leur tour des conséquences fâcheuses pour les IMF, telles que le défaut de paiement, la fusion avec d’autres institutions, ou encore le dépôt de bilan et la liquidation des actifs restants.  Le degré de vulnérabilité d’une IMF en particulier à une crise causée par ce type de déclencheur est directement proportionnel au degré d’exposition de cette institution aux risques qu’elle a pu accumuler au fil du temps.  Plus il y a de risques accumulés, et plus une IMF se révélera vulnérable à un choc exogène tel que la pandémie de COVID-19.