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Guinée : le programme anti-pauvreté, outil de la riposte contre le Covid-19 ?

La pandémie de coronavirus s'étend à l'Afrique. Les plus pauvres auront dans ce contexte plus que jamais besoin de soutien. Les transferts monétaires directs, sur lesquels se fondent déjà des programmes anti-pauvreté, doivent être généralisés comme partie intégrante du traitement économique des conséquences de l'épidémie. Un tel programme qui commande l'attention est celui en cours de déploiement en Guinée, qui capitalise sur des retours d'expérience mondiaux. Si la volonté politique du gouvernement guinéen de mobiliser les ressources internes, en augmentation (avec 14,2 millions de dollars budgétés en 2020), est là, l'exercice sera un temps rendu encore plus difficile face à la propagation du coronavirus en Afrique. L'épidémie d'Ebola en Guinée a, par exemple, conduit en 2015 à des pertes en PIB évaluées par la Banque mondiale à 535 millions de dollars. La pandémie en marche va aggraver la situation des populations les plus vulnérables jusqu'à poser la question de la survie, en cas notamment de confinement.

À l'horizon 2025, un programme ambitieux…

En juin 2018, le nouveau gouvernement guinéen a annoncé un objectif ambitieux pour 2025 : tirer de l'extrême pauvreté 40 % des Guinéens à cet horizon (celle-ci touche 60 % de la population), dont 400 000 personnes dès 2020, 2 millions en 2021, pour une cible de 6 millions en 2025. Opérationnel depuis novembre dernier, le programme inclut le déploiement de transferts monétaires directs à grande échelle pour dépasser les seuls projets d'infrastructures, souvent non « ruisselants » pour les populations, tout en visant l'indépendance aux bailleurs par un renforcement engagé du système fiscal, dont la faiblesse est récurrente en Afrique. Il implique d'y consacrer un choc de 2 % du PIB (et de 4 % en 2025), partant du 0,1 % précédemment dédié à de telles politiques.

La Guinée a certes enregistré une croissance autour de 10 % en 2016 et 2017, et de 6 % sur 2018 et 2019, tirée par l'industrie minière, mais c'est une « croissance pauvre en emplois », observée dans nombre de pays africains tirés par les infrastructures, et encore plus dans les pays à rente minière.