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Covid-19 en Afrique : un double tsunami

Avant même d’avoir été atteinte par la vague épidémique de Covid-19, l’Afrique a « importé » un choc économique d’ampleur inégalée. La fuite des capitaux vers les pays développés, la division par deux du cours du baril de pétrole, l’arrêt du tourisme ou encore la baisse probable des transferts des diasporas africaines sont autant de canaux de transmission de ce tsunami. Alors que la seconde vague se profile, avec un nombre de cas qui augmente désormais, il s’agit d’analyser ici l’ampleur du choc humain et social qui s’annonce et de tracer des voies de sortie.

L’Afrique est entrée en récession, et ce choc sera d’ampleur. La Banque mondiale a revu, le 9 avril dernier, ses prévisions et table désormais sur une contraction du PIB africain en 2020 comprise entre 2,1 et 5,1 % (le second scénario étant le plus probable). Cela représente 7,5 points de moins qu’attendu. Compte tenu de la croissance démographique observée sur le continent (de l’ordre de 2,5 % par an), l’année 2020 devrait voir le revenu par habitant baisser « au mieux » de près de 5 % et au pire de 10 % dans ces deux scénarios.  

Un risque de propagation rapide du Covid-19

Le nombre de personnes testées et touchées par l’épidémie de Covid-19 reste à ce stade plus limité en Afrique qu’ailleurs dans le monde, mais le continent ne sera pas épargné. Si le faible nombre de dépistages réguliers ne permet pas à cette heure de donner une vision précise de l’évolution du Covid-19 en Afrique, le nombre de cas est certainement sous-estimé de manière importante.

Plusieurs facteurs seraient même susceptibles d’accélérer la transmission du Covid-19 sur le continent : une densité urbaine très forte, une part élevée de la population vivant dans des quartiers précaires et dans des bidonvilles disposant d’un faible accès à l’eau et à l’assainissement, et l’absence des filets sociaux qui rend difficilement supportable un confinement total et durable de la population. Pour une population encore pauvre ou récemment sortie de la pauvreté, le risque de rechute est certainement moins acceptable que dans un pays à hauts revenus.

Enfin, le confinement strict sera d’autant plus complexe à mettre en œuvre que le secteur informel concentre une partie importante de l’emploi et que, par conséquent, tout travailleur du secteur informel perd instantanément 100 % de son revenu lorsqu’il ou elle reste à domicile. Pour limiter la propagation du virus, plusieurs États ont rapidement pris des mesures de fermeture des aéroports, des écoles et des marchés, ont interdit les rassemblements publics et religieux et ont mis en place des couvre-feux. Toutefois, ces mesures risquent de ne pas être durables alors même que leur coût économique est élevé.